Bien chers amis,
Ma foi, c’en est fait de moi ; ma réputation de bavard du forum, bavard disposant du temps nécessaire grâce à l’oisiveté relative que confère l’état de retraité, m’oblige au devoir d’écriture . DFU 2014, pour moi, un grand cru ! Nous en avons longuement parlé, il est terminé. Je suis rentré, j’ai retrouvé mes pénates et ce qui a été débarqué de ma voiture s’étale partout, dans un désordre que je m’autorise à qualifier de joyeux pour donner le change. Peut-on qualifier de joyeux ce qui marque la fin d’un moment heureux ? Mon «carton» d’inscription traîne sur mon bureau, souvenir sans importance, carton où figure mes coordonnées et le numéro de mon dossard : 556. C’est une nouveauté qui aurait pu me donner l’illusion d’être un «coureur», alors que je ne puis plus qu’être un modeste bipède pédalant !
Je vous dois, mes amis, un avertissement de précaution : Je risque d’être un peu long, voire lassant, et mon récit ne sera que le reflet personnel d’un petit événement, de plus, vu à travers ma lorgnette que, bien involontairement, je tiens à l’envers ; je veux dire que chacun aura sa version personnelle de cette journée et que la mienne n’a qu’une valeur toute relative.
Mais revenons à notre mouton : Le DFU. Je viens de passer une nuit agitée par une inquiétude injustifiée ; la seule Bonnette que j’ai mise à mon programme n’est finalement que la énième, mais je suis ainsi fait et je n’y puis rien, dominé par mes émotions. La Bonnette, je la connais par coeur. Cependant, cette année, j’ai prévu une montée en tandem, je veux dire à deux, avec mon ami Tad, bien connu ainsi que le fameux loup blanc. J’ai décidé de partir de Barcelonnette pour être un participant officiel au DFU alors que mon pote part de La Condamine son lieu de résidence provisoire pour un séjour de vacances chez des amis.
Le jour se lève dans la fraîcheur matinale avec du soleil qui promet une belle journée; avec l’aide de nos téléphones portables, nous nous retrouvons à Jausiers, pied de la route mythique que nous allons affronter de concert. Tad si élancé sur son blanc destrier et moi, plus court et trapu sur une monture minuscule comparée à la monture de mon pote, a fait naître cette image : Nous ressemblons fort aux héros de Cervantès à l’assaut de moulins à vent : Tad dans le rôle de Don Quichotte de la Mancha et moi-même dans celui de Sancho Pansa

Ma modestie naturelle dut-elle en souffrir, je vous dois la vérité : A l’instar de nos amis Denis, Philippe, Jean-Michel et Nathalie partis aux aurores, nous sommes doublés (enrhumés devrions-on dire - pour utiliser un vocabulaire cycliste ) par des cohortes vaillantes de cyclos partis à l’assaut de flopées de cols ; ils ont déjà des dizaines de bornes dans les pattes, assorties de centaines de mètres de dénivelées cumulées et ils nous saluent avec bienveillance pour n’être bientôt plus que petits points éparpillés sur la route qui s’élève, qui s’élève, qui s’élève ... Parmi ces vaillants coursiers, l’un d’eux me reconnaît : C’est Laurent (dit Laulesp) sur notre forum, qui me reconnaît à mon maillot «cyberpotes». Il entame une petite conversation avec moi avant de repartir à son allure, qui n’est pas la mienne : Il est partant pour ses sept cols, ce que je mets au rang des exploits sportifs.
Mon récit ne sera fait que de petites touches, comme un tableau de peintre pointilliste (je pense à Seurat) ... Tad et moi usons la pente, à petits coups ; une photo par-ci, un arrêt par là, arrêts souvent justifiés par des petits riens qui ne sont que prétextes à reprendre un peu de vigueur. Vous dirais-je la grandeur des sites qui changent à chaque lacet, les alpages verdoyants et fleuris qui bientôt font place à cet univers de rocs enneigés caractéristiques de la haute montagne et qui apparaissent après la «halte 2000» et le fameux lac de la Bonette ? ... C’est aussi pour eux que nous consentons ces efforts. Parfois, une marmotte sentinelle siffle son avertissement à ses congénères : Ces petits rongeurs ne sauraient pourtant confondre le Sancho Pansa poussif que je suis avec l’aigle qui projette son ombre inquiétante sur les prairies fleuries ! De temps à autre, nous faisons un bout de route avec un cyclo ou une cyclote dont la seule ambition est d’arriver au sommet du col. Mes jambes se font lourdes et je sens poindre un début de crampe qui m’incite à la prudence ... un moment de pédalage talons bas, sur les conseils de Tad, gomme un peu ce petit souci, alors que nous approchons du but. Le but, c’est la terrible rampe finale. Après que Tad ait chaussé ses «croques» qui permettent la marche, nous terminons notre ascension «à pied» sur les trois cents derniers mètres.
Au sommet, un vent glacial nous saisit dans une foule disparate d’automobilistes et de motards ... et de cyclistes. Pour une photo finale, Tad fait déplacer un énorme motard obèse qui trônait devant la stèle sommitale, lui faisant observer justement qu’il n’y a aucun mérite à se hisser là avec un engin mécanique !

Bientôt arrivent Denis, Phiphi, Jean-Michel et Nathalie heureux comme Ulysse qui fit un beau voyage ... Une longue descente que nous faisons emmitouflés et heureux ! ...
Et puis il y a le lendemain qui chante : cette salle des fête magistralement animée par la dynamique présidente et organisatrice du DFU qu’elle a su si bien dynamiser avec son équipe. Merci à eux. Je suis là, et je me baigne avec délice dans cette assemblée d’amis qui donne tout son sens à ce beau mot de CONFRERIE, un mot de cette famille de mots construits autour du mot FRERE. et ce repas du lendemain, organisé par Tad à La Condamine, un couronnement pour un bien beau WE de la fin juin.
Et vive le DFU 2015 !
Robert le vieux à défaut d’être le preux !