Deux jambes pour un BRA
(Brevet des Randonneurs Alpins)
Pascal Branly et moi, dans l'optique de la préparation pour le Paris-Brest-Paris 2015, avons décidé de participer au BRA qui a lieu tous les deux ans. Mais, pour parfaire notre préparation, nous nous sommes dit : « Pourquoi ne pas y aller à vélo ? ». Béthune-Vizille près de Grenoble, c'est une belle ballade !
Un an auparavant, j'avais tracé le parcours et quelques mois avant le départ, j'avais réservé les hôtels. Nous étions prêts et attendions impatiemment le départ.
Mardi 7 juillet
6h45. Pascal m'attend au pied du Beffroy de Béthune. Il est venu de Saint Venant à vélo. Une photo est nous partons directions Isles-les-Villenoy près de Meaux. Nous empruntons les petites départementales. Nous traversons le Pas-de-Calais, la Somme et l'Oise pour arriver en Seine-et-Marne.
Mercredi 8 juillet
Départ 5h30, direction Avallon dans l'Yonne.
Jeudi 9 juillet
Départ 5h30, direction Péronnas près de Bourg-en-Bresse. Nous traversons la Nièvre, la Saône-et-Loire avant d'arriver dans l'Ain. Nous avons traversé le Morvan.
Vendredi 10 juillet
Départ 5h00, direction Vizille au sud de Grenoble. Au loin, nous apercevons les Alpes. Il nous faut toute la matinée pour arriver aux pieds de ces montagnes. Nous les abordons par le col de Porte (1 326 m). Premier col de ma vie hors celui du Pas-de-Calais. Quelle descente, 18 km, pour arriver sur Grenoble et quel spectacle ! Juste le temps d'acheter un sac de couchage et nous partons sur Vizille. Une dernière côte de 3 km et nous arrivons. Il est 16h05. Le bureau de réception et des inscriptions vient d'ouvrir à 16h00. Quelle précision !
Je rencontre Robert Penon, dit Bob. Robert est le beau-père d'un de mes collègues enseignant à Calais. Quelle n'est pas sa surprise et son plaisir en m'apercevant ! Il n'en revient pas que Pascal et moi sommes venus du Pas-de-Calais à vélo.
Pendant ces quatre jours, nous n'avons eu aucun problème technique. Nous avons fait environ 250 km par jour les trois premiers jours et environ 180 km le dernier jour.
Le temps a été presque parfait, parfois un peu trop chaud. Le vent souvent de côté droit, parfois plutôt favorable, parfois plutôt défavorable mais jamais très fort.
Nous nous sommes aperçus que les petites départementales sont difficiles. Il y a beaucoup de côtes quelquefois longues mais avec une pente douce, quelquefois courtes mais fort pentues. Nous perdons également beaucoup de temps à chercher des directions en raison d'un manque de panneaux indicateurs. De plus, il arrive trop fréquemment que les personnes à qui nous demandons la route ne connaissent pas toujours la bonne direction.
Samedi 11 juillet
Jour de repos. Enfin presque ! Départ 7h00 pour environ 60 km afin de tourner les jambes.
La veille, nous avons rencontré les diables verts de Boulogne-sur-mer. Ils sont venus dans deux camionnettes. J'ai roulé avec eux jusqu'à un croisement (gauche → col du glandon ; droite → Le Bourg d'Oisan) et je suis rentré seul. Ce jour-là, sont partis les cyclotouristes inscrits au BAC (C'est le même que le BRA mais en deux jours).
Reste de la journée : quelques petites courses, lavage des vêtements et beaucoup de repos.
Dimanche 12 juillet
Lever 2h30. Départ 3h00.
Jusqu'au croisement de la veille (environ au km 25), avec Pascal, nous roulons tranquillement, nous suivons les plus lents. La journée va être longue et difficile, pas la peine de se presser. Nous attaquons les plus de 20 km de grimpée du col du Glandon (1 924m). Je pars seul ! Et là, un serpent de petites lumières rouges se dévoile devant moi. Dans la nuit, je ne me rends pas compte du pourcentage et cela vaut mieux. Pendant la montée, lentement le jour se lève et merveille, au sommet, il fait jour et le spectacle est grandiose
. JJe ne pensais pas grimper aussi facilement. J'ai dépassé des dizaines de vélos sans forcer, sans me mettre dans le rouge.
Sommet ! Pointage et ravitaillement ! Quel quantité et quel choix !
Puis la descente du Glandon vers Saint-Jean-de-Maurienne : 20 km ! Je ne suis pas rassuré, le pourcentage est impressionnant et la vitesse que j'atteins me fait rapidement peur. Je suis crispé sur les cocottes de frein. Un habitué me double. Je me dis que si lui parvient à descendre à cette vitesse, alors je dois y parvenir aussi. Et c'est ainsi que je le suis !
Déjà qu'arrive la superbe montée des 18 lacets de Montverdier. Quelle splendeur ! Tellement belle cette montée que je vais la faire deux fois, bien involontairement. En haut, il faut choisir : droite → BRA ; gauche → super BRA. J'embraye à gauche direction sommet du col de Chaussy, 9 km de montée.
Nouveau pointage et nouveau ravitaillement ! Les personnes au ravitaillement sont au courant, grâce à Bob, des deux Ch'tis qui sont venus à vélo. Descente dangereuse avec une chaussée en réfection sur quelques dizaines de mètres. Arrivée en bas, manque de vigilance, les flèches indiquant le parcours sont remplacées par des inscriptions au sol. Un panneau ressemblant au super BRA, pas de chance, nous indique la mauvaise direction. Je fais confiance à un gars du coin et pars à droite avec lui. Il se rend après environ 3 km que nous montons le col de la Madeleine. Il m'en fait part alors nous faisons demi-tour et récupérons le parcours.
Au pied des 18 lacetsde Montverdier, nous loupons l'indication proposant aux participants du super-BRA de prendre la départementale afin de rejoindre directement Saint-Jean-de-Mauriennes. Je remonte les 18 lacets de Monvernier (environ 400 m de dénivelé) avec le gars qui m'avait induit en erreur, tant pis pour lui ! Mais cette fois, en haut, je prends à droite et descends vers Saint-Jean-de-Mauriennes pour le troisième ravitaillement. Je retrouve Christophe Flahaut qui attend son copain Cédric.
Il commence à faire chaud et le col du Mollar pointe son nez. Heureusement, il y a de nombreux passages à l'ombre. À 1 km du sommet, repas obligatoire. Cela fait du bien de manger assis et de se reposer. Dernier kilomètre tranquille puis, descente jusqu'au pied du col de la Croix de Fer (2 067m), 13 km de montée. Et là se dévoile, sous un soleil tapant très fort de nombreux lacets . Je vois les cyclos là-bas, tout en haut, tout petit. Combien de temps me faudra-t-il pour atteindre le sommet ? À 4 km du sommet, je descends de vélo quelques instants et me mets à l'ombre d'un des rares arbres.
Sommet... Enfin... Pointage... Ravitaillement... Regarder le paysage... Souffler... Récupérer... Puis, d'abord doucement, ensuite par flots, des bouffées de bonheur m'envahissent. Je repense qu'il y a 8 mois et demie j'ai failli mourir d'un embolie qui m'a occasionné deux infarctus pulmonaires. Je suis vivant et heureux ! Je ne pensais pas pourvoir refaire du vélo si rapidement et si facilement. Le spectacle est magnifique.
Que reste-t-il à faire ? 60 km de descente !
Cette montée fut très difficile mais extraordinaire. Certains montaient à pied. Quelques uns étaient affalés dans l'herbe, cherchant leur souffle. L'un jeta son vélo, épuisé. L'autre appela la voiture « balai » incapable de continuer, sans force.
Et voilà la randonnée qui se termine par une descente pas si facile que cela car le vent souffle de face. Il est 15h43 et je franchis la ligne d'arrivée, je viens de faire plus de 200 km avec plus de 5 000 m de dénivelé (4 cols et deux fois les lacets de Montvernier).
Lundi 13 juillet
Pascal a demandé à Christophe de le déposer à Bourg-en-Bresse. Il a peur d'avoir un échauffement à l'aine.
Je pars seul à 5h00 et passe par le petit col de la Placette pour sortir du massif alpin. Cette journée en solitaire est très difficile. Les efforts de la veille sont présents et j'ai un gros passage à vide un peu avant midi. Il me faut trouver de l'eau et à manger. Après cette restauration, les forces et le moral reviennent et j'arrive tranquillement à Bourg-en-Bresse où Pascal m'attend.
Mardi 14 juillet
Journée des dangers car jour férié. Il faut que l'on gère les magasins.
Départ 5h00. 11H30, Autun. 1er supermarché, fermé. Aïe ! 2ème supermarché, ouvert. Ouf ! Nous faisons le plein de nourriture et surtout de Badois.
Jusqu'à Avallon, pas de problème. Nous arrivons suffisamment tôt pour voir la fin de l'étape du tour. Très gentille, la dame de l'accueil propose de laver nos vêtements ce dont nous profitons volontiers. Le soir nous prenons notre repas dans le restaurant de l'hôtel.
Mercredi 15 juillet
Départ 5h30. Petit problème au réveil. En raison du jour férié, nous n'avons pas correctement anticipé notre petit-déjeuner. Heureusement, nous avons des barres de céréales mais elles sont un peu difficiles à avaler.
Ce début de matinée me semble un peu long, d'autant plus que Auxerre est à près de 50 km. C'est là que nous prendrons notre vrai petit-déjeuner. Mais bon, rouler à la fraiche fait du bien. Nous avons un peu peur de la canicule qui remonte vers le Nord et qui est juste derrière nous. Heureusement, nous arrivons à Isles-les-Villenoy sans avoir trop souffert.
Jeudi 16 juillet
Dernière étape qui ne pose aucun problème. Départ très tôt, alors qu'il ne fait pas trop chaud ! L'après-midi, nous avons été dérangés par les bêtes d'orage.
Pour le retour, nous avons emprunté les grandes départementales : axes jaunes. Il y a beaucoup moins de dénivelé, les routes sont plus directes et mieux indiquées. Au bout du compte, nous avons fait environ 30 km de moins par jour mais surtout, nous avons gagné 2h30 à 3h00 de vélo par jour.
Un arrêt au café de Noeux-les-mines afin de boire une bière et de faire un point que les 10 jours que l'on vient de vivre ensemble. Nous sommes très satisfaits de ce périple. Nous n'avons connu aucun problème sérieux. Le temps fut parfait ! Tout comme l'entente entre nous
freddy