La diagonale de freddy

Le 11/06/2019 0

Bravo  à freddy Freddy bethune le crotoy 1 notre "marathon man qui vient d'effectuer une traversée de la france  à vélo avec ses copains.

Voici son  savoureux récit:

Diagonale Dunkerque-Perpignan : 1 202 km

du mercredi 29 mai 2019 – 9 h 00

au dimanche 2 juin 2019 – 13 h 00

Week-end de l'ascension

 

Participants :       Jacques Thailly, traceur et organisateur

                            Jean-Louis Verscheure

                            Pierre Wlomainck

                            Freddy Bajeux

 

         « MACRON DÉMISSION ! MACRON DÉMISSION ! », c'est par cette revendication que commença notre périple. Mais, il me faut revenir quelques minutes plus tôt avant que de vous expliquer.

         Hazebrouck ! Je descends du train en provenance de Béthune, change de quai et rejoins Jacques qui est arrivé de Merville à vélo. Le train de Lille arrive, Jean-Louis nous fait signe et, quelques secondes plus tard, nous sommes, avec Pierre, réunis et discutons déjà. Eux se remémorent diverses anecdotes de leurs diagonales passées et moi, je les écoute. Cette diagonale sera ma seule et unique.

 

         Déjà, nous arrivons à Dunkerque et nous dirigeons vers le commissariat de police. Et, c'est là, alors que nous ouvrons la porte du sas, qu'un quidam, voyant nos gilets jaunes, hurle cette revendication : « MACRON DÉMISSION ! MACRON DÉMISSION ! » et continue benoîtement son chemin. À peine sommes-nous entrés dans le hall que tous les policiers sortent manu-militari de leur bureau, croyant certainement à un envahissement.

         « Que se passe-t-il ici ? demande la gradée. »

         Jacques explique rondement l'affaire et nous ressortons après avoir fait tamponner notre carnet.

 

         La première étape de 234 km n'offre rien de particulièrement intéressant. Beaucoup de véhicules sur des routes passantes. Un contrôle reporté à Bapaume car Hénin-sur-Cojeul ne possède que la buvette du stade malheureusement fermé le jour de notre passage et, d'ailleurs, y aurait-il eu un tampon ? Un petit vent légèrement défavorable n'a pas entamé notre progression volontaire et nous bénéficions d'une température idéale pour les activités de plein air.

         Villers-Cotterets, la réceptionniste, excessivement gentille, offre deux chambres supplémentaires pour nos vélos. Puis, nous nous rendons au restaurant où, le propriétaire nous explique que les vélos sont acceptés dans son établissement.

         À cet endroit, première alerte, je fais un malaise vagal. En plein repas, je dois m'allonger et lever les jambes. Jacques et Pierre sont interloqués, quant à Jean-Louis, il sait que cela m'arrive le 1er jour, expérience d'un BRM 600 d'il y a quelques années. Je les rassure expliquant que cela va passer. Eux terminent leur repas. Moi, ce sera à l'hôtel.

 

         2ème jour, levé à 4h00 pour un départ à 5h00. Rien de particulier. D'interminables routes tranquilles pour traverser la Beauce, léger vent quelque peu défavorable et une température idéale pour les activités de plein air.

         Contrôle à Cheroy et couchage à Sancoins, après 310 km, à l'hôtel du Parc, vieille maison bourgeoise, où le propriétaire nous donne (Je ne sais par quelle inadvertance.), à Jacques et moi, une chambre déjà louée. Il est vrai que j'avais fait la remarque à Jacques qu'il y avait un petit sac à dos d'enfant par terre, un petit maillot sur un fauteuil et une brosse à dents mais nous ne nous en étions pas formalisé. C'est après 23h30 que la sonnerie du téléphone nous réveilla.

         « Vous n'avez pas vu qu'il y avait des vêtements ? dit la voix.

         - Qui êtes-vous ? demandai-je encore endormi.

         - Le propriétaire !

         - Quel est le problème ?

         - Je vous ai donné la chambre d'un couple avec leur enfant.

         - Oui, et alors ?

         - Et bien, vous devez changer de chambre. Je monte avec la clé. »

         Et nous voilà, prenant précipitamment nos affaires préparées, nous rendant dans l'autre chambre, la nôtre, espérant n'avoir rien oublié.

         À peine recouché, un fou rire me prend en entendant, à travers la cloison, la petite fille dire : « Maman, quelqu'un a dormi dans mon lit ! »

         Qu'il fut difficile de se rendormir après cette farce de mauvais goût.

         Vingt minutes, ce fut notre retard au réveil. Ce retard nous empêcha d'intercepter Jean-Louis venu vérifier que nous étions réveillés, qui frappa à la mauvaise porte et réveilla certainement le couple.

         Que la nuit fut courte !

         « Bonne nuit ? me demandèrent Pierre et Jean-Louis dans la salle du petit-déjeuner.

         - Non ! » Je leur racontai notre mésaventure pendant qu'ils rigolaient.

         Pour dernier clin d’œil, j'accrochais notre clé au numéro de l'autre chambre.

 

         3ème jour, levé à 4h00 pour un départ à 5h00. Ce fut une très belle journée avec une température idéale pour les activités de plein air. Mais ce qu'elle fut difficile ! Somptueuse mais laborieuse.

         Somptueux, ce fut la nature. Quelle beauté que ces paysages volcaniques avec le Puy de Dôme surplombant majestueusement ses confrères endormis.

         Laborieux, ce furent les routes. J'arrêtais de compter les « raidars » dont les trop rapides descentes ne nous permettaient pas de récupérer complètement des ascensions (des montées, pas du week-end prolongé). Il était prévu 2 800 m de dénivelé positif et nous atteignîmes 4 100 m pour 274 km.

         À mi-journée, le contrôle de Pontgibaud fut une formalité. Nous arrivâmes à Saint Flour en début de soirée à l'hôtel du Nord où, le patron, passionné de vélo et ancien cycliste, nous accueilli chaleureusement. La nuit y fut également courte car nous attendîmes longtemps au restaurant, complet en raison de la fête foraine. Jacques en profita pour remonter chercher son carnet oublié dans la chambre. Hasard ou destin, il se trompa de chambre et entra dans celle d'une dame prenant sa douche. L'histoire ne nous dit pas si l'occasion fit le larron, mais si elle le fit, elle nous en dit long car il fut rapidement de retour.

         Notre nuit fut courte mais régénératrice. Celle de Jean-Louis et Pierre bruyante en raison des manèges.

         Pour le petit-déjeuner, le patron ne put nous vendre que du pain et du fromage. Mon estomac ne le supporta pas !

 

         4ème jour. Ce fut ce jour-là que le caractère des hommes se révéla. Ce fut la journée la plus difficile mais également la plus belle, la plus haute en volonté, en coopération, en générosité, en amitié !

         Comme d'habitude, levé à 4h00 pour un départ à 5h00. 290 km nous attendaient pour 4 900 m de dénivelé positif. Il y eut bien sûr la beauté des paysages naturels ou aménagés par l'être humain. Mais il y eut aussi la chaleur qui pour certain est une température idéale pour les activités de plein air, mais qui pour moi devient problématique lorsqu'elle dépasse les 30°. Il y eut aussi la difficulté de la route combinée au manque de sommeil. Certes, les montées furent moins pentues que la veille, beaucoup plus longues donc plus roulantes, aussi, nous pouvions récupérer dans les descentes mais il n'y eut que cela toute la journée.

         Lorsque Saint-Rome de Tarn se présenta à nous pour le contrôle, nous étions déjà en retard. Et ce retard devait encore s'accroître. Au sommet du col de Sainte Colombe, il était déjà près de 22h00. Jacques appela pour la seconde fois les propriétaires de la chambre d'hôtes afin de les avertir que notre retard serait plus conséquent que prévu mais, cette fois, personne ne répondit.

         Il ne nous restait alors qu'à plonger sur Olonzac. Alors que nous descendions aussi rapidement que possible dans la nuit tombante, la trace nous indiqua un raccourci. Et quel raccourci ! Le chemin des âniers certainement. Devenu cyclo-cross man à vélo ou à pied sur un sentier caillouteux, nous avancions comme nous le pouvions jusqu'à rattraper la belle route quittée quelque moment plus tôt. D'aucuns dirent de ne pas écrire cette mésaventure dans le compte rendu car on en avait interné pour moins que ça !

         Enfin Olonzac et sa chambre d'hôtes. Les propriétaires, mi-bobo, mi-bio, terminaient le jour d'ouverture de la Vigne Bleue et, devant le succès et notre retard, avaient, sans remord, vendu nos repas. Ils ne pouvaient nous proposer que du pain un peu rassis, du fromage et quelques radis, mais des radis bio du jardin. Quel merveilleux repas ! Même Ulysse, lors de son voyage retour vers Ithaque, dû parfois se contenter de moins que cela.

         « Pour le petit-déjeuner, c'est toujours au programme ? demanda Jacques.

         - Bien sûr, c'est prévu. Je vais chercher le pain et les viennoiseries et tout sera prêt pour 8h00.

         - 8h00 ! Mais je vous avais prévenu que l'on partait à 5h00.

         - Bah, la boulangerie est fermée à cette heure-là. Alors, il n'y aura rien !

         - Peut-être du café ?

         - Dans un thermo mais il ne sera pas bien chaud.

         - Ça ira ! »

         Et c'est ainsi que nous eûmes un thermo de café et, oh belle générosité, un paquet de biscuits bio.

         Bref, si les propriétaires se comportent de cette manière désinvolte, leur affaire ne durera pas bien longtemps.

 

5ème jour. Petite étape de 94 km dans les Corbières.

         Rien de particulier en cette matinée sauf que nous roulâmes, l'estomac presque vide, jusque Tuchan où nous trouvâmes une boulangerie ouverte mais pas de café. Pour cela, nous dûmes attendre Rivesaltes. Enfin, derniers kilomètres jusque Perpignan, terme de notre périple.

 

         Pendant que je remonte ce dimanche vers Béthune en voiture car je dois être présent devant mes élèves le lendemain, mes compagnons de voyage entament leur seconde diagonale vers Strasbourg.

 

         « Les Hommes, il convient de ne les connaître que disponibles à certaines heures pâles de la nuit avec des problèmes d'Hommes, simplement des problèmes de mélancolie. »

Richard, Léo Ferré.

 

Merci à vous trois ! Ce fut une si belle traversée de la France.

Freddy Bajeux

 

 
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