IZOARD

Par Le 11/07/2015 0

Mon copain Robert 77ans bien sonnés a gravi  avec philippe la mythique montée de l'izoard  .Voici son savoureux récit:
 
Dimanche 28 juin.
Nous sommes confortablement installés en terrasse, à l'abri d'un soleil flamboyant, chez Serge et Jeannine. Le repas s'annonce somptueux et délicieusement amical.
L'ubaye roule ses flots tumultueux tout près et là, je devine la route qui va en sinuant vers Saint-Paul et les cols de Larche et de Vars.
Les conversations se croisent autour de l'importante tablée et j'ai la crainte que les propos de Philippe ne dévient sur la grimpée de L'Izoard que nous avons mise en réserve dans nos projets pour la semaine à venir. C'est une crainte délicieuse que la concrétisation de ce projet, à la fois tenté que je suis par l'aventure et inquiet au souvenir de la route qui par son col mène de la vallée du Guil à celle de la Durance.

Pas facile, l'Izoard. C'est un col que l'on mérite, et s'il m'est particulièrement familier, j'ai dû "faire" cette route une bonne douzaine de fois, il m'effraie un peu à présent ... Et l'avouerai-je, j'ai le souvenir tout proche du chemin de la Bonnette que je viens de refaire ... hier.
A vélo, chacun a connu la souffrance, le souffle court, les muscles qui se tétanisent, l'envie de poser l'objet de nos souffrance ... mais nous sommes heureusement ainsi faits que l'oubli couvre bientôt les souvenirs douloureux d'une chape de plomb !

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Bien entendu, Philippe parle de ce col dont le nom bourdonne comme le vol d'un gros insecte : IZ...IZ ... oard ! Il est d'ailleurs impossible de monter un col en été sans un cortège de mouches aussi désagréables et inutiles que celle du coche décrite par Jean de La Fontaine ...
Et c'est décidé. Jeudi matin le 2 juillet, à 7h 30, nous partirons d'Embrun vers l'Izoard assez tôt pour éviter l'énorme chaleur qui sévit ...

Je me suis levé à six heures, ai cherché comme tous les jours une fougasse fraîche à la boulangerie proche et je suis prêt, bien avant l'heure. J'erre en tenue cycliste, descend ma bécane toute prête sur le parking de l'immeuble. Je le sais par expérience, Philippe est d'une ponctualité rigoureuse.
Il arrive, nous chargeons nos vélos dans la voiture ... J'ai prévu un départ à vélo après la ville de Guillestre afin d'éviter une série de tunnels que la route emprunte à cet endroit. J'ai très peur des routes étroites et complètement obscures du coin qui sont un danger objectif.
Dans la voiture, quel confort délicieux ... avant l'effort.

Nous voilà arrivés. Lieudit "Maison du Roy", avec un Y s'il vous plaît ! C'est un bel endroit où le Guil est dompté pour une petite centrale électrique dont la retenue d'eau est d'un bleu de rêve, un songe bleu. Et au lieudit "Maison du Roy", il est bien normal d'extraire nos "petites reines" du coffre de la voiture afin de leur donner enfin le privilège de fendre l'air pur.
C'est l'aube encore et la longue combe du Queyras que nous empruntons est si fraîche que j'ai enfilé un imper.
Nous sommes doublés par quelques cyclistes allant je ne sais où et qui passent sans même un salut.
Nous rattrapons aussi un couple que nous côtoierons tout au long de la route et avec lequel nous échangeons quelques mots, et ce jusque à l'obélisque sommitale qui marque le passage du col. Nous en sommes encore loin !

C'est la fin de la combe du Queyras et de son long faux-plat ; il nous offre un passage plus pentu dans un défilé de rochers impressionnants. Le Guil s'y faufile et saute de rocher en rocher ; c'est là qu'un jour, avec Léo, nous avions observé une impressionnante remontée de truites.
Commence la vraie route de l'Izoard. La chaleur survient presque soudainement et mon imper reprend sa place en fond de sac à dos.

La route est presque rectiligne mais n'a aucune indulgence. 8% de moyenne. C'est la partie la plus difficile pour moi avec ses trois villages. Arvieux,et le remplissage traditionnel des bidons, La chalp, Brunissard enfin, avec à la sortie du patelin, une redoutable rampe que le compteur de Philippe mesure à 13,5% dans son passage le plus dur.
Et puis c'est l'Izoard, le vrai, celui qui s'élève sûrement (8% /10% à peu près constants) en balcons au-dessus de la vallée que nous quittons.
Devant moi, Philippe s'est donné un peu d'air et je roule dans le sillage d'un collègue bien plus jeune que moi ; je le sens à la peine et "au bout du rouleau" bien qu'il soit athlétique. La route a changé de direction et serpente dans une forêt de mélèzes. Si la pente demeure, mon espoir grandit : La "Casse Déserte" qui est l'image même de l'Izoard est à portée de pédale ... A chaque virage, je la crois arrivée mais non ... ce sera après le prochain tournant ! J'ai une envie folle de mettre pied à terre tant je me sens tétanisé.
Enfin elle est là, la fameuse "Casse Déserte" avec une entrée dans le monde montagnard proprement minéral. Arrêt, photos, vision délicieusement vertigineuse avec le sentiment d'un accomplissement, bien qu'il reste quelques kilomètres avant l'arrivée.
Izoard2Izoard3
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Après une paradoxale et courte descente, nous passons devant la stèledédiée à Coppi et Bobet.Izoard
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 


- La photo ? m'interroge Philippe ...
- Quand nous redescendrons !

 
Izoard4 1
 
 
Et voilà, il est fait cet Izoard, col de légende ; j'ai bien conscience que je ne suis plus très loin de ma dernière grimpée de col alpin. Merci Philippe de m'en avoir offert le luxe, c'est ainsi que je considère cette échappée. Et dans la longue combe du Queyras, si le vent contraire et violent s'est levé, je me repose dans la roue de mon pote, heureux comme un vainqueur d'étape, avec deux autres "parasites" qui profitent honteusement de notre sillage et qui ne prendront aucun relais !

 

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