PARIS BREST PARIS par Freddy

Par Le 09/02/2016 4

Dans Cyclosportives et competitions

Paris-Brest-Paris

Du 16 au 20 août 2015

 

Dimanche 16 août

            Avec Pascal Branly, nous sommes présents depuis le matin à Saint-Quentin en Yvelines au vélodrome national, lieu de départ duRésultat de recherche d'images pour "paris brest paris"        , afin de faire vérifier nos vélocipèdes et de finaliser les dernières démarches administratives.

            16H00 : Départ de la première vague, la vague A (Chaque vague comporte entre 250 et 300 cyclotouristes). Les vagues A à D ont choisi de faire le PBP en moins de 80 heures, les vagues E à U ont choisi moins de 90 heures.

            Puis les vagues s'enchaînent toutes les 15 minutes. La plus singulière est celle des vélos spéciaux (bien sûr, il y a les vélos allongés carénés ou non Résultat de recherche d'images pour "paris brest paris"   , les vélos tous chemins, les vélos décorés (il y en a peu), les mini-vélos stylo Brompton , les vélos avec pignon fixe, les vélos elliptiques (il faut être debout et l'on marche )        ,Résultat de recherche d'images pour "aventure paris brest paris"    les tandems à 2 ou à 3, les tricycles, les tricycles-tandem, les vélos pour amputés des jambes (il faut pédaler avec les bras), 2 Italiens sur des vélos Auto-vélo du début du 20ème siècle, et d'autres que je n'ai pas repérer...

            Cette journée se termine avec la vague U.

 

Lundi 17 août

            Il est 4h00 et nous nous réveillons. Notre hôtel F1 est à 3 km du départ. Le temps de nous préparer, 2 bonnes parts de flan et il est 4h20 quand nous quittons notre chambre. Lorsque nous arrivons au départ, nous nous rendons compte que nous sommes parmi les derniers. Les quatre vagues de ce matin ont choisi de faire le PBP en 84 h maximum.

            La vague W des vélos spéciaux est déjà sur la ligne de départ et ma vague, X, attend au pré-départ.

            5H00 ! Je franchis la ligne le dernier... Et je pense à ce défi fou : 1230 km en moins de 3 jours et demie et en autonomie complète !

 

Premier jour

            130 km sans arrêt jusque Mortagne-au-Perche. Pris dans le groupe et dans l'euphorie, nous roulons vite. Devant moi, il y a une file ininterrompue de loupiottes rouges, c'est superbe ! Je roule avec Éric, un gars de la Somme avec qui j'ai réalisé quelques brevets qualificatifs à Orchies. Je ne sais pas où est Pascal.

            Je ne vois pas le temps passé, le jour se lève et déjà je suis à Mortagne-au-Perche. Ce n'est  pas un contrôle ni un ravitaillement. Juste le temps de remplir les bidons et  je repars direction Villaines la Juhel (1er contrôle, 1er ravitaillement). Il est 12h30, j'entre dans Villaines la Juhel, je viens de faire 220 km en 7h30. Depuis le départ, je roule dans un groupe et ça aide.

            J'oubliais, entre Mortagne et Villaines, je double un gars de la vague N, puis je rencontre un asiatique de la vague J qui dort dans l'herbe sur le bord de la route. Dans une petite montée, un gars pousse son vélo caréné. Puis je croise trois gars partis la veille qui s'en retournent à Saint-Quentin. Moi qui ne pensais pas voir des cyclotouristes du dimanche avant le troisième jour au-moins, j'en découvre dès la première matinée. Quelles surprises ! Et ce ne sont que les premières...

            Quelques kilomètres avant d'arriver à Villaines la Juhel, un bruit étrange et inquiétant est apparu dans mon pédalier. Je ne m'en occupe pas plus que cela. Ce bruit disparaîtra un peu avant Fougère mais j'ai une étrange sensation dans mon pédalier, je ressens un petit accroc à chaque tour de pédale. Ce n'est qu'à Tinténiac que je montre le vélo au réparateur (A chaque point de contrôle : collège ou lycée, il y a un atelier réparation ; un service médical ; un dortoir souvent une salle de sport ; des toilettes, des douches et un réfectoire.), mon tube de pédalier est cassé. Heureusement, il peut le réparer. J'ai passé plus d'une heure pour cette réparation. C'est là que Pascal me rejoint !

 

            Jusqu'à maintenant, lorsque j'arrive à un contrôle (il faut passer devant le BIP électronique et  pointer son document), il y a au maximum une centaine de vélos. Mais les choses changent à Loudéac (km 449). Des vélos, il y en a partout, certainement plus de 1000  Résultat de recherche d'images pour "embouteillage vélo humour"  . Alors, il faut bien repérer où je met le mien. Il y en a autant parce qu'il est déjà tard (plus de 23h00), il y a ceux partis le matin qui sont sur l'aller et ceux partis le dimanche qui sont déjà sur le retour et beaucoup veulent dormir. Alors c'est l'embouteillage pour poser le vélo, l'embouteillage pour aller pointer, l'embouteillage pour aller manger, l'embouteillage pour aller aux toilettes, c'est l'embouteillage pour se doucher, c'est l'embouteillage pour dormir. C'est l'embouteillage partout ! C'est impressionnant ! Loudéac est le nœud de PBP. La ville se situe à environ au tiers et au deux tiers du parcours. C'est à ce moment, à cet endroit que je m'aperçois  qu'il faut gérer le temps. Dormir ici, c'est trop tard, il n'y a plus de place. Alors je repars mais je vais bien, je ne suis pas trop fatigué. C'est alors que me vient l'idée de dormir à la belle étoile, le prochain contrôle est un peu loin, la nuit je roule moins vite et tout doucement la fatigue arrive. Mais où trouver l'endroit idéal ?

            J'arrive dans un village où c'est la fête : SONO bien fort ! Tonnelle, crêpes, cidre, superbe accueil. Incroyable, la Bretagne, pays de vélo... Les villageois m'accueillent à bras ouvert. Voilà mon lit, c'est ce village. Le stand est installé près de l'église. Ni une, ni deux, je m'y installe. Je me sèche avec ma petite serviette, je mets des vêtements secs, j'enfile plusieurs épaisseurs, je sors ma couverture de survie et je m'allonge au pied de l'église sur de la mousse. J'ai installé mes vêtements du jour sur la haie afin qu'ils sèchent un peu. Un habitant voyant que je m'installe me propose, en anglais, un lit. Il est surpris lorsque je le remercie de m'entendre parler français et lui explique que je veux dormir un peu  Résultat de recherche d'images pour "dormir humour"  et que l'ambiance, la sono et les lumières me réveilleront. Il est 1h45 lorsque je regarde pour la dernière fois ma montre. Il est 4h15 lorsque je la regarde de nouveau. Comme prévu, le va et vient incessant des vélos, l'odeur des crêpes, la musique et les bavardages m'ont réveillé. J'ai dormi plus de 2h00 après avoir fait plus de 500 km dans cette première journée. Quel luxe !

 

Deuxième jour

            Je range mes vêtements de nuit dans les sacoches et enfile ceux que j'ai fait sécher mais qui ne le sont pas. Je grelotte. Rapidement, je repars dans la nuit. J'ai eu froid et j'ai toujours froid. Alors une seule solution, tout à droite et je force. Rapidement les dents cessent de claquer et je sens la transpiration qui refait son apparition sur mon front.

            J'oubliais de dire qu'en plus de la nuit, il y a du brouillard. Je roule au milieu de la route et je suis les bandes blanches. Le parcours quitte cette belle route (précision : le parcours est fléché sur les 1230 km) pour une petite route de campagne et là, plus de bandes à suivre. Où est la route, où commence le bas côté ? Il ne reste comme solution que de suivre les petites lumières rouges qui scintillent et me précèdent  .Résultat de recherche d'images pour "paris brest paris"

            C'est à ce moment que je prends conscience de ce phénomène. Les vélos sont devenus une file ininterrompue de plusieurs dizaines de kilomètres. Des vélos, il y en a des centaines derrière et devant moi, je ne ferai qu'en rattraper sans jamais arriver à remonter jusqu'au premier de la file. Toutes les lettres des vagues sont mélangées (sauf les A, B, C et D, les costauds qui veulent faire un temps). Quel spectacle ! Quel bonheur de vivre cela ! Je ne pense pas jusqu'à l'arrivée avoir comblé un trou de plus de 500 m sans aucun vélo.

            Mais il est 7h00 est j'arrive à CarhaixRésultat de recherche d'images pour "paris brest paris"   . Petit déj' : un plat de pâtes au saumon. Il faut ce qu'il faut ! Pâtisseries !  Résultat de recherche d'images pour "paris brest paris"  Et voici que j'aborde la partie la plus difficile du parcours avec le point culminant : Roc Trévezel (384m) .Résultat de recherche d'images pour "montée de roc trevezel"         La montée est longue mais la pente est douce alors pas besoin du petit plateau. Puis descente jusque Brest. Quelle vue sur la rade de Brest lors du passage du pont Albert Louppe. Depuis ce matin le soleil est présent et la journée est chaude. Depuis hier, le vent vient de trois quarts droite mais il n'est pas trop fort. Pas le temps de visiter. Je mange et discute avec trois Suisses et je repars vers Carhaix avec la remontée de Roc Trévezel.

            De nombreux Brestois nous applaudissent, nous encouragent « Bravo les gars pour ce que vous faites ! » C'est la première fois que l'on m'applaudit et que l'on m'encourage quand je fais du vélo.

            Au retour, à partir de Carhaix, je ne pensais plus croiser des cyclos qui étaient sur l'aller. Et bien quelle n'est pas ma surprise d'en voir et beaucoup, partis même le dimanche après-midi. Mon étonnement ne cessera que quelques kilomètres après Loudéac (environ 170 km de Brest) lorsque je croise la dernière cyclotouriste, une Chinoise avec un grand sourire et qui continue tranquillement sa route vers Brest. Elle est hors délai depuis longtemps.

            Voici Loudéac, énorme repas. Il est 21h00. Je décide d'avancer jusque Quédillac (Cela fera 339 km en ce deuxième jour) pour y dormir. J'y arrive fatigué, il est 23h00.

            Poser le vélo. Se diriger vers le gymnase.

  • Puis-je dormir ?
  • Oui, il y a de la place !

    En effet, une vingtaine de cyclos ronflent à qui mieux mieux sur de bons matelas.

  • Puis-je prendre une douche ?
  • Pas de problème !

    C'est le luxe ! Quel bonheur de se laver après 42h00 et plus de 800 km.

                Un bon matelas, une couverture. Je suis au chaud et je m'endors comme une masse. À la question « A quelle heure voulez-vous être réveillé, j'ai répondu que je me réveillerai tout seul, comme un grand. Cela a bien fait rire ! » Eh oui, les horaires de réveil sont parfois improbables : 3h45 pour l'un, 4h30 pour un autre, …

                Moi, c'est vers 2h30 que je me réveille. Il est trop tôt pour repartir. Le dortoir est comble. Je suis étrangement bien réveillé, très lucide (c'est ce que me diront plusieurs personnes au contrôle). Je comprend que je viens de faire les deux tiers du parcours en 2 jours. Il me reste 1 jour et demi pour faire 400 km. Je décide de modifier ma façon de rouler. J'ai 51 ans, je n'ai rien à prouver à personne, je sais que je validerai, sauf incident, mon PBP. Je suis venu voir ce qu'est le PBP alors, je vais en profiter. Mon second, le vrai, l'aventure PBPRésultat de recherche d'images pour "aventure paris brest paris"  commence maintenant...

                Je décide d'aller voir dehors. Première stupéfaction, le couloir d'accès au dortoir est comble. Des cyclos, les plus proches du dortoir, dorment par terre à même le carrelage ; les plus lointains dorment assis contre le mur, tête contre tête. Un bénévole réveille le premier de la liste et lui propose un matelas encore chaud qu'un cyclo réveillé et sur le départ vient de libérer. Je me fraye un chemin entre eux. C'est hallucinant !

                Sous la tente jouxtant l'entrée de la salle de sport, des dizaines de bénévoles réconfortent des dizaines de forçats de la route, hâves de fatigue, hagards, cherchant une place pour sommeiller. Certains se reposent assis sur une chaise, la tête reposant entre les bras posés sur une table.

                Je sors. Mon vélo bien rangé lorsque je suis arrivé a été déplacé par des bénévoles qui l'ont placé sur un autre et un troisième vélo est sur le mien. Les bénévoles sont dépassés par cet afflux ininterrompu de cyclotouristes.

                Un braséro réchauffe quelques malheureux. Que vont-ils faire ? Pas de lit, pas de sommeil réparateur. Seule solution, continuer ! Des cyclistes, il y en a partout.

                Je reviens sous la tente et essaye d'engager la conversation avec quelques souffre-douleurs. Peine perdue ! Un regard vague quitte la soupe chaude, se pose sur moi et, sans une parole échangée, replonge dans le bol. Unique consolation, j'ai offert un sourire. À un autre, je demande comment il va. Il ne comprend pas le français. J'ai plus de chance avec le troisième : « Ça va ? ». Les yeux ivres de fatigue, il me répond : « oui ! ». Je n'abuse pas et me retire, ne pouvant rien donner de plus qu'un sourire et un encouragement.

                Je discute avec quelques bénévoles et leur demande ce qu'ils font ici plutôt que dans un bon lit au chaud, chez eux. Certains me disent qu'ils vivent cette randonnée par procuration, incapables de la faire mais voulant ê

Je discute avec quelques bénévoles et leur demande ce qu'ils font ici plutôt que dans un bon lit au chaud, chez eux. Certains me disent qu'ils vivent cette randonnée par procuration, incapable de la faire mais voulant être là (Ils sont plus de 2 500 bénévoles sur tout le parcours.). Tous sont admiratifs de notre courage, de notre volonté.

            Pas un, parmi ceux que j'ai rencontré, n'a eu de mauvaises paroles, de mouvements d'humeur, lorsqu'un cyclo épuisé reprochait un mauvais fléchage, un manque de pain ou une autre peccadille. Le fléchage était parfait, c'est la fatigue qui a fait que l'on manque une flèche. Oui, parfois j'aurai voulu une tartelette aux pommes à la place d'un flan. Mais cela n'est rien... Je rend hommage à tous ces bénévoles de tous âges, je les félicite et les remercie car sans eux, cette randonnée aurait été beaucoup moins aisé. Parmi les bénévoles, des jeunes d'environ 16 ans qui me posent des questions sur mon PBP et qui voudraient le vivre, dans quelques années. Super ces jeunes !

            Mais je retourne dormir. Le troisième jour va être sublime !

Troisième jour

            Je me réveille avec le petit jour. J'ai excellemment dormi, mon esprit est clair, les jambes parfaites et les fesses ne me font pas souffrir. Je n'en revient pas d'être aussi peu fatigué. Le temps de remercier quelques bénévoles et je fonce vers Tinténiac où je retrouve mon réparateur. Je vais le voir, il n'a dormi que 4 heures depuis 2 jours. Je le remercie et le félicite pour la réparation. Il est ému et me souhaite bonne route pour les moins de 400 km qui me restent.

            Il ne me reste que 400 km. Le parcours est plutôt très facile, le vent est de dos et il me reste plus de 30 heures.

            Que faire ? Arriver ce soir et faire le PBP en environ 64 heures ou profiter du temps qui me reste. Pascal est à environ 1h30 à 2h00 derrière moi, je le suis grâce aux pointages. J'ai le temps. Je vais discuter avec les gens.

            Quelle troisième journée ! La plus belle ! Les 260 km que j'ai faits, je ne les ai pas vus passer. J'ai discuté, en français ou un peu en anglais, avec des dizaines de personnes. Parfois, avec des Chinois, des Japonais ou des Brésiliens, l'obstacle de la langue était insurmontable et la discussion tournait court. La plus belle est celle que j'ai eue avec les deux Italiens passionnés, que j'ai accompagnés quelques kilomètres, sur des vélos « Auto-vélo » du début du siècle dernier, Afficher l'image d'origine  22 kg, pignon fixe, freins à tampon sur le pneu, en habit d'époque avec la moustache ; « As-tu besoin de quelque chose, ai-je demandé à l'un d'eux ? La sortie, m'a-t-il répondu. Bon courage et félicitations pour cet exploit, ai-je terminé ! » Et nous nous sommes serrés la main. La plus longue avec un Français qui accompagnait une jeune dame qui avait été très malade et dont le défi était de valider le PBP. Je lui souhaite d'avoir réussi. La plus chaleureuse avec un Japonais, en anglais, qui trouve le temps long et me serre la main lorsque je prends congé. La plus incongrue avec deux Néo-Zélandais dont je ne comprends pas l'anglais ; alors, je demande à la Canadienne avec qui je venais de discuter de faire l'interprète. Je suis resté dubitatif devant cet Espagnol qui a caché le drapeau sur sa plaque ; il m'explique qu'il est Catalan et que l'organisation n'a pas voulu m'être le drapeau catalan. Et il y a aussi eu des Belges, des Anglais, des Allemands, un Lituanien, un Maltais, un Australien, un Autrichien, un Québécois, un Irlandais et j'en oublie... Je ne dois pas oublier cette dame française qui m'explique avoir fait le Pékin-Londres : 5 mois partie, 15 000 euros et qui prépare la traversée de l'Amérique centrale.

            J'ai vu des dizaines de cyclos dormir partout... Il y en a un qui dormait dans une cabine téléphonique, Résultat de recherche d'images pour "paris brest paris dormir"  les pieds en l'air, quatre dans un hall

de banque et avec les vélos, sur l'herbe des ronds-points,  Résultat de recherche d'images pour "paris brest paris dormir"  au bord des routes bien installés ou alors le vélo jeté à la hâte et endormis les pieds au ras du bitume. Résultat de recherche d'images pour "paris brest paris dormir" 

            Tous ces cyclotouristes rencontrés m'ont donné la même réponse lorsque je leur demandais pourquoi ils venaient faire le Paris-Brest-Paris. Paris-Brest-Paris est la randonnée la plus ancienne et la plus mythique du monde alors, peut importe le coût (pour certains, c'est un véritable sacrifice financier : voyager d'Australie avec son vélo est très cher), la difficulté de l'épreuve, les obstacles. Il faut le faire une fois dans sa vie, dire j'ai vu, j'ai souffert et j'ai validé ou pas mais pouvoir dire j'y étais, j'ai participé à cette fête du vélo (plus de 6 000 inscrits. 4 000 étrangers pour 2 000 Français. 66 pays représentés).

            Combien d'évènements permettent de rencontrer autant de personnes du monde entier en aussi peu de temps. Des gens mus par la même passion, sans animosité, tout empreint de gentillesse. Quelle bonheur ! Je disais que cette journée allait être sublime et bien, elle le fut.

           Je dois également parler de ces autochtones au bord de la route qui offrent, gratuitement, de l'eau, du café, un morceau de gâteau, une chaise ou même un matelas et surtout leur sourire ainsi que quelques mots chaleureux et réconfortants.

            Combien de fois me suis-je arrêté alors même que je n'avais besoin de rien ? Je ne saurai le dire ! Qu'est-ce que je me suis félicité de mes heures gagnées les deux premiers jours afin d'avoir du temps libre. Parmi eux, il y avait un gars de Frévent en vacances chez sa sœur.

            Superbe toutes ces rencontres ! Entraide, coopération, don, réconfort ! Voilà des mots que l'on n'entend pas souvent aux informations. Ce sont des mots qui mettent du baume au cœur et qui redonnent confiance en l'être humain.

            Quoi, déjà Mortagne-au-Perche ! Mais quelle heure est-il ? Seulement 19h45 ! Ma journée a duré un instant... Je pointe, mange et attend Pascal. Il est 21h45 lorsqu'il arrive. Il voudrait continuer. Je vois qu'il est fatigué et je comprends qu'il manque de lucidité lorsqu'il me dit : « Tu es déjà arrivé à Paris et tu as fait demi-tour pour venir me rechercher. - Euh, non Pascal, je roule vite mais pas à ce point. Je t'attendais pour terminer ensemble. Tu sais, il ne reste que 140 km à faire et l'on doit arriver avant 17h00 demain à Saint-Quentin. On a le temps ! Dormons ici et repartons demain tranquillement. Il nous faut au maximum 6h00 pour terminer. » Alors, Pascal mange puis nous prenons une douche et allons dormir dans le gymnase. Pendant le repas, on voit un cyclo guidé par sa femme, je pense, elle lui porte son plateau et l'aide à manger. Il abruti de fatigue ! Beaucoup dorment la assis         Résultat de recherche d'images pour "paris brest paris"  la tête entre les bras posés sur la table   ou carrément par terre.

Résultat de recherche d'images pour "paris brest paris dormir"

            Pascal demande à ce que l'on soit réveillés à 5h30.

4ème jour

 

quatrième et dernier jour

            5h20 ! Nous nous sommes réveillés sans aide, bon signe. 5H30, nous sortons du dortoir. Les bénévoles nous informent que le contrôle de Mortagne-au-Perche vient de fermer alors même qu'un cycliste arrive. Il ne validera pas mais il devra finir la randonnée.

            « Combien en restent-ils derrière lui ? Je risque cette question.

  • Environ 500 ! »

                Tout est dit...

                Pascal et moi allons prendre un petit déjeuner avant de repartir. Devant nous, Dreux à 75 km puis 65 km jusque Saint-Quentin. Le jour point déjà. Je me sens plus en forme que jamais !

                Nous roulons vite, trop vite, nous doublons de nombreux cyclos et rattrapons la pluie. Un arrêt pour vêtir l'imperméable et un Suédois me demande s'il peut me suivre car il est limite au niveau temps, il a peur de ne pas valider. Pas de problème sur le plat, il suit aisément mais dans les bosses, nous l'attendons. La pluie redouble mais pas notre vitesse sauf dans la traversée des villages. Être et rester lucide ! Ne prendre aucun risque ! Ce serait trop bête !

                Dreux déjà ! Il est 9h15. Le Suédois est tellement heureux qu'il me prend dans les bras et me remercie. Il lui reste un peu plus de 3 h pour 65 km. Ça va le faire !

                Dernier repas, j'en profite. Dernière étape mais pas la moins calme. Au sortir de Dreux, nous ratons une flèche, un habitant nous klaxonne et nous remet sur le chemin. Doucement la pluie diminue et finit par s'arrêter. Nous avons fait à peine 25 km que l'on découvre à l'amorce d'une légère montée un cyclotouriste français allongé au milieu de la route. Il semble inconscient. Autour de lui, de nombreux cyclos étrangers hébétés et ne sachant que faire, impuissants. Il y a un Français, désemparé, il ne sait pas quoi faire. Dès qu'il s'aperçoit que nous parlons français, il est rasséréné. il n'y a pas à réfléchir, avec Pascal, nous nous arrêtons pour prêter main forte. Je parle à l'inconscient. Il bredouille quelques mots. Pendant ce temps, Pascal gère la circulation. La route est étroite et le gars dort au milieu, le vélo entre les jambes. Nous n'osons pas le bouger ! A-t-il une fracture ? Une hémorragie ? Les véhicules passent sur le bas côté, les cyclotouristes étrangers sont repartis. L'autre Français prévient les secours. Il nous faut bien cinq minutes pour nous repérer sur ma carte mais grâce à la géolocalisation, les pompiers nous repèrent. Nous essayons de joindre les responsables de Dreux puis de Saint-Quentin mais par deux fois nous tombons sur le répondeur. Déjà les pompiers sont là et s'occupent de l'endormi. Les gendarmes arrivent quelques instants plus tard. Puis les motos assistances de l'organisation nous rejoignent. Un Danois propose d'acheminer le vélo jusqu'à Saint-Quentin. Nous ne pouvons rien faire de plus alors nous repartons. Mine de rien, nous avons passé près d'une heure.

                Incroyable, ce malheureux s'est endormi sur son vélo. À moins de 50 km de l'arrivée, il ne validera pas son PBP et se réveillera à l'hôpital certainement surpris d'être là.

                Autre cyclotouriste déraisonnable, celui dont les muscles cervicaux ne tiennent plus la tête et qui, n'ayant pas de minerve comme d'autres que j'ai rencontrés, a posé l'extrémité d'un bâton sur son guidon et tient l'autre extrémité à l'aide de la main gauche sur son menton.

                12H55, Saint-Quentin   .Résultat de recherche d'images pour "paris brest paris" Derniers applaudissements. Voilà 25 km que je suis euphorique et que je m'amuse à rattraper des cyclos, à les applaudir et à les féliciter pour leur exploit. Un est déçu car il arrive en retard et ne valide pas son PBP. Beaucoup sont surpris par ce Français, il pense que je suis un quidam mais lorsqu'il voit ma plaque, ils comprennent mon état d'esprit et me félicitent en retour.

                Voilà la ligne d'arrivée que l'on franchit, Pascal et moi. 1230 km. 79H55 min. Nous nous félicitons. Vraiment la fatigue n'est pas là. Ce n'est que du bonheur, un moment de grâce, de béatitude ! Jamais je n'ai connu à vélo cette sensation... J'aurais souhaité que le PBP continue...

                Mais il est vrai que pour en arriver là, nous nous sommes bien entraînés.

                Cette année, nous avons fait :

    • 8 brevets de 200 km,
    • 3 brevets de 300 km,
    • 2 brevets de 400 km,
    • 1 brevet de 600 km.

                  Et, au mois de juillet, nous avons fait l'aller-retour à vélo jusque Vizille, au sud de Grenoble, afin de participer au Brevet des Randonneurs Alpins (plus de 200 km avec un dénivelé de plus de 5 000 m : 4 cols à franchir). Plus de 2 000 km en 10 jours.

                  Mais surtout, nous n'avons pas voulu faire un temps, nous avons simplement participé à une merveilleuse fête du vélo.

                  Il faut savoir garder sa lucidité, ne pas dépasser ses limites (Un cyclotouriste Breton est mort d'un arrêt cardiaque près de chez lui.).

                  Que Paris-Brest-Paris vive encore longtemps !        Résultat de recherche d'images pour "paris brest paris"         

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Commentaires

  • jean michel

    1 jean michel Le 09/02/2016

    super cr on a l'impression d'être sur ton porte bagages,et quelle forme on a l'impression que tu n'as jamais connu de véritable coup de barre chapeau
  • dominique

    2 dominique Le 11/02/2016

    Des moments inoubliables que tu as vécu,et je t en sent grandi. J étais pendu à tes lèvres et je redoutai la fin d une histoire aussi merveilleuse qui ma tirée quelques émotions,sur des gens qui se surpassent et d autres qui donnent de leur temps sans rien attendre en retour,une denrée rare de nos jours
    Merci freddy
  • jean michel

    3 jean michel Le 12/02/2016

    j'avais cru à la lecture de tes temps que tu avais eu du mal à finir mais en privilégiant l'aventure humaine à la performance sportive le choix a été judicieux bravo
  • Thierry

    4 Thierry Le 12/02/2016

    Quelle aventure ! c'est trop impressionnant tous ces kilomètres par centaines........... c'est presque sur-humain.......
    J'ai lu plusieurs fois ton récit qui révèle plein de détails et de situations cocasses qui donnent envie de les vivre aussi.
    Cela ne sera pas possible pour moi comme pour beaucoup d'autres qui n'ont pas ton extraordinaire endurance.... c'est pourquoi je te remercie de nous faire partager cette aventure humaine.
    A dimanche

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